C’est l’histoire d’une femme de 40 ans, très fatiguée, qui souffre d’algies dorsales aigües répétées et de cervicalgies chroniques résistantes aux traitements symptomatiques. Elle consulte un psychiatre après un long parcours médical et de nombreuses explorations complémentaires.C’est
Cette femme, sans antécédent particulier, mère de 2 enfants de 10 et 8 ans, dirige depuis 5 ans le service informatique d’un établissement financier. Très méthodique et organisée, elle a du mal à assumer ses responsabilités professionnelles depuis plus d’un an en raison de ses douleurs du cou et du dos qui la réveillent au petit matin et entretiennent un état d’asthénie intense. Elle est en arrêt de travail depuis deux mois et est très anxieuse à l’idée des difficultés qu’elle risque de rencontrer dès la reprise de ses activités.
La patiente a subi toutes les investigations cliniques et paracliniques à la recherche d’une étiologie à ses douleurs. Les douleurs dorsales, d’abord attribuées à un lumbago n’ont pas été améliorées par le kinésithérapie. Les cervicalgies, en l’absence d’élément objectif, ont été mises sur le compte des séquelles fonctionnelles d’un traumatisme cervical ancien (chute de vélo).
C’est une patiente très anxieuse qui se résout à consulter, persuadée d’être atteinte d’une pathologie grave, vraisemblablement cancéreuse, qui concentre toute son attention…
Les caractéristiques de la douleur (permanente ou semi-permanente, plus marquée le matin et s’estompant sans disparaître en fin de journée), la négativité des examens complémentaires et la résistance aux traitements plaident en faveur d’une tension générale. L’existence de troubles du sommeil, d’une asthénie matinale, d’un désintérêt professionnel et d’une anxiété est évocatrice d’un état dépressif. La disproportion entre les symptômes et leurs retentissements évoque une dépression « masquée », car la patiente n’a pas conscience et ne ressent pas de tristesse dites pathologique.
La patiente révèlera au cours de cette première consultation une information qu’elle avait, volontairement ou non, dissimulée jusqu’à présent à tous les médecins consultés. Les premières manifestations douloureuses sont apparues il y a 18 mois, lors du licenciement de son mari. Après une période de recherche active, celui-ci s’est « installé » dans un statut de renoncement, participant a minima aux activités du ménage et laissant toutes les initiatives et responsabilités à son épouse, tombée en quelque sorte dans un véritable Burn-Out.
Il s’agit donc d’une dépression masquée à expression somatique avec identification d’un facteur déclenchant synchrone à l’apparition des troubles somatiques et psychiques.
Le traitement de cette patiente par antidépresseur associé à une psychothérapie a permis d’obtenir une amélioration rapide de la symptomatologie dépressive et anxieuse avec disparition concomitante des manifestations douloureuses.
« La dépression masquée » est caractérisée par une dysthymie (trouble de l’humeur recouverte par une symptomatologie somatique. Le patient exprime son affect dépressif par des symptômes physiques, au premier rang desquels l’insomnie et la fatigue. Parfois les plaintes se focalisent sur la sphère digestive, cardio-respiratoire ou s’expriment par des douleurs.
Les dépressions masquées ont le même cours évolutif que les accès plus classiques, l’évolution spontanée peut se prolonger pendant des années. Les traitements symptomatiques sont sans effet alors que les antidépresseurs sont très efficaces. Les antidépresseurs constituent un véritable test diagnostique de la dépression masquée. Ils doivent cependant idéalement être associés à une psychothérapie comportementale cognitive et bénéficier volontiers des autres types d’accompagnement tel que sophrologie, hypnothérapie sans oublier les aspects nutritionnels et exercices physique.
Pour rappel, l’épisode dépressif est une maladie, et donc n’est pas :
Scanner d’une maladie dépressive